The Lebanese Flag

 

CENTER FOR DEMOCRACY IN LEBANON


 


 







Entre Yvan Kalyayev et Samir Kantar

Par Pr. Antoine Courban

L'Orient Le Jour 22 Juillet, 2008

English | Anglais


En février 1905, le révolutionnaire anarchiste Yvan Kalyayev fut mandaté pour tuer l’oncle du tsar Nicolas II, le grand duc Sergueï Alexandrovitch Romanov. Le meurtrier attendit patiemment le passage du carrosse de sa victime. Soudain, il le vit mais le grand duc n’était pas seul. Il était accompagné de sa femme, de sa nièce et avait sur les genoux un petit enfant, son neveu en l’occurrence. Yvan Kalyayev renonça volontairement à son projet afin d’épargner les enfants et l’épouse. Kalyayev était, à ses propres yeux, un juste révolté et non un assassin. Il réussira cependant son coup le 4 février 1905 et tuera le grand duc et son cocher en lançant son engin explosif contre le carrosse de sa victime qui quittait l’enceinte du Kremlin. Cet épisode a inspiré à Albert Camus une de ses rares pièces tragiques « Les Justes » où le face à face entre Yvan Kalyayev et la grande duchesse Elisabeth de Russie est un morceau de bravoure inégalé.

[…] Parce que Kalyayaev a renoncé à son projet afin de ne pas tuer des innocents, il demeure à nos yeux un résistant, un révolutionnaire, et son geste ne peut pas être qualifié de « terroriste ». Est ce le cas de Samir Kantar qui a tué une petite fille en tentant d’échapper à une patrouille israélienne il y a une trentaine d’années ?

Samir Kantar a purgé sa peine. Il a donc payé sa dette envers la société. Son retour au pays, parmi les siens, est légitimement un événement heureux pour lui et pour sa famille, et c’est tant mieux. L’événement aurait dû s’arrêter là en principe. Mais au Liban, pays qui s’est définitivement mis en marge de toute forme de civilisation, le cours des choses est radicalement différent du reste de la planète. En juillet 2006, […] une guerre destructrice a été déclenchée par les amis de Kantar en vue d’obtenir sa libération. Aujourd’hui c’est chose faite. On a déroulé le tapis rouge pour l’accueillir et les plus hauts responsables de la République Libanaise se sont déplacés pour aller l’acclamer en héros. Par conviction ? Non, par simple veulerie. Ils ont eu trop peur de déplaire au vrai patron, au gauleiter du juriste-théologien ( al faqih ) qui aujourd’hui fait la pluie et le beau temps au Liban.

Liban message ? Ayons la décence d’oublier cette réflexion inopportune.

[ … ]

Liban de la coexistence ? Certainement pas, car le masque mensonger de l’unité nationale ne justifie pas qu’on piétine aussi cavalièrement les valeurs élémentaires de la dignité humaine, en principe inaliénable selon la Déclaration des Droits de l’Homme..

[ … ]

Il ne nous reste plus qu’à lire « La Nausée » de Sartre maintenant que nous avons achevé « Les Justes » de Camus.

Pr. Antoine COURBAN


Between Yvan Kalyayev and Samir Kantar 

By Pr. Antoine Courban

L'Orient Le Jour July 22, 2008

Translated from French | Français by the CDL
 

In February 1905, the anarchistic revolutionist Yvan Kalyayev was elected to kill the uncle of the tsar Nicolas II, the grand duke Sergueï Alexandrovitch Romanov. The murderer awaited patiently the passage of his victim’s coach. Suddenly, he saw him but the grand duke was not alone. He was accompanied by his wife, his niece and had on the knees a little child, his nephew. Yvan Kalyayev voluntarily renounced his project in order to save the children and the wife. Kalyayev was, in his own eyes, a revolted righteous man and not an assassin. However, he would make a successful blow on February 4, 1905 and would kill the grand duke and his coachman by blowing, with explosives, the coach of his victim who had just left, alone this time, the enclosure of the Kremlin. This episode inspired Albert Camus to write one of his rare tragic pieces “Les Justes” (the Right Ones) where the face-to-face encounter between Yvan Kalyayev and the grand duchess Elisabeth of Russia is an unparalleled piece of bravery. 

Because Kalyayaev gave up his project in order to avoid killing the innocent ones, he remains in our eyes a resistant, a revolutionist, and his act cannot be described as “terrorism”. Is this the case of Samir Kantar who killed a young girl while trying to escape the Israeli troops thirty years ago?

Samir Al Qantar served his punishment. He thus paid his debt towards society. His return to the country, among his relatives, is legitimately a happy event for him and his family, and that’s good. The event should have remained about that. But in Lebanon, a country which has definitively marginalized itself to any form of civilization, the course of events is radically different from the remainder of the planet. In July 2006, the friends of Kantar started a destructive war in order to obtain his release. Today, this has happened. The red carpet is unrolled to accommodate him and the highest officials in charge of the Lebanese Republic were mobilized to acclaim him as hero. By conviction? No, by simple complacency. They probably were too afraid to displease the true boss, the gauleiter of the jurist-theologist (Al-Faqih) who today makes rain or sunshine in Lebanon. 

Lebanon message? Let us have the decency to forget this ill-timed reflection.

Lebanon of the coexistence? Certainly not, because the false mask of the national unity does not justify that one also cavalierly tramples the basic values of human dignity, in principle inalienable according to the Human Rights Declaration.

Nothing remains for us but to read “La Nausée” (the Nausea) of Sartre now that we have finished “Les Justes” of Camus.

Pr. Antoine COURBAN




Copyright © 2005 by Center for Democracy in Lebanon™.
The content throughout this Web site that originates with CDL
can be freely copied and used as long as you make no substantive
changes and clearly give us credit. Details.
Legal Statement
For problems or questions regarding this Web site contact Webmaster.
Last updated: 05/19/11.